Que signifie Hridaya, le Cœur ?

Hridaya, le Cœur (ou le « Cœur spirituel »), est notre nature essentielle et ultime. C’est la dimension ineffable de notre être. C’est un autre nom pour Atman (le Soi Suprême). Le Cœur est la Conscience Suprême, le Sujet ultime, le pur « Je ». C’est la Conscience témoin, cet observateur intime de toutes nos pensées, émotions, sensations et de tout l’Univers dans ses dimensions intérieures et extérieures.

Le Cœur n’est pas seulement une étincelle de Dieu — le Cœur est Dieu. 

Percevoir le Coeur

Le Coeur peut être senti quand l’attention est dirigée vers la région de la poitrine. La vibration très fine et discrète qui y est éveillée, en l’absence de toute pensée, dans une tranquillité de l’esprit, est le commencement de la Vibration Sacrée du Coeur, Spanda, l’expérience la plus directe du Cœur. Lorsque nous nous détendons, prenons notre temps et fermons les yeux, nous laissons cette vibration se produire…

Cet appel subtil de l’infini qui irradie depuis la région de la poitrine est la représentation la plus expressive et la plus intime du Cœur. S’y trouve la chaleur communicative de la Vérité. Sans cela, tous les enseignements ne seraient que davantage de « nourriture pour l’esprit » ou des informations sans connexion avec la vie. L’essence réelle du Cœur réside exactement dans cette pulsation, dans cette vibration très intime.

Dans la simplicité de cette vibration se trouve la fraîcheur de la révélation – une révélation qui vient de « l’intérieur », même lorsque l’information semble provenir de « l’extérieur ». Ce tremblement, cette Vibration Sacrée du Cœur, est « l’esprit » de ce genre d’information.

Révéler le Coeur

D’un point de vue pratique, une compréhension de plus en plus subtile de la signification réelle du Cœur sera révélée par la méditation.

Ce processus suit généralement plusieurs étapes :

  1. Au début de la pratique spirituelle, le Cœur est un objet de méditation, un endroit dans la région de la poitrine où l’attention est focalisée.
  2. Ensuite, il se révèle être non seulement un point d’attention inerte, mais une réalité vivante, un organe interne « sui generis » de connaissance de notre âme. Ainsi, lorsque la méditation devient plus profonde, nous commençons à ressentir le désir ou l’amour ou la douleur ou la nostalgie ou la joie. Dans différentes traditions spirituelles, cette sensibilité du Cœur est connue par différents noms symboliques, y compris « l’Œil du Cœur », « le miroir du Cœur » et « le Feu du Cœur ».
  3. Finalement, la réalité ultime du Cœur se révèle comme la source même de notre conscience et de la méditation elle-même. Ceci se révèle comme notre « je » le plus intime.

Par conséquent, durant ce voyage intérieur, le Cœur devient successivement l’objet de la connaissance, l’instrument de la connaissance, et, finalement, la source de l’attention (le connaisseur). Ce type de méditation est un processus qui commence dans le Cœur et retourne au Cœur. De manière paradoxale, la solitude et l’intimité du Cœur révèlent l’Unité essentielle de toute existence. Le Cœur dégage une sensation de Vérité, une sensation d’Existence Pure. En utilisant le cœur comme symbole du caractère sacré, de nombreuses religions ont en effet exprimé cette idée.

Habituellement, le Cœur est considéré comme le siège des sentiments et de l’activité psychologique. Mais, ceci est juste une dimension relative et individuelle du Cœur. Le monde des émotions individuelles (l’âme humaine) doit être surmonté par le détachement afin d’atteindre la révélation de la véritable signification universelle du Cœur. Ainsi, Atman n’a pas de dimensions physiques ou mentales en tant que telles et s’exprime essentiellement comme une vibration subtile dotée de qualités transfiguratives.

La relation entre l’esprit et le Cœur

La relation entre l’esprit et le Coeur est magnifiquement exprimée par Theodore Darrel :

« Si nous pouvons parler d’un mouvement essentiel, alors c’est ce qui a contribué à transformer l’homme en un être spirituel vertical, avec une stabilité volontaire. Un être dont le zèle pour les idéaux, dont les prières, les sentiments édifiants et purs montent au ciel comme de l’encens. De cet être, l’Être Suprême, a fait un temple dans un Temple, un microcosme au sein du Macrocosme. Et pour cela, il dota les hommes d’un cœur, en d’autres termes, d’un puissant soutien. Il a doté les hommes d’un centre de mouvement qui peut garder l’homme proche de ses origines, ressemblant ainsi à sa première Cause, Dieu. Dans le même temps, il est vrai, l’homme était doté d’un cerveau ; mais ce cerveau est un élément commun à tout le règne animal et appartient à la catégorie du mouvement secondaire. Le cerveau est un instrument de la pensée mondaine fermée et un transformateur pour l’utilisation du monde et pour l’homme.

Ce n’est que le cœur, par son inspiration et son expiration secrètes, qui, tout en restant uni à Dieu, permet à l’homme d’être vivant pensant. Et ainsi, grâce à cette pulsation royale, l’homme est capable de maintenir sa divinité et d’agir sous la domination du Divin Créateur, obéissant à Ses Lois, heureux dans une béatitude qu’il est seul à pouvoir voler à lui-même, en s’éloignant du chemin mystérieux de son cœur vers le Cœur Universel, vers le Cœur Divin …

Tombé au niveau animal, même s’il se croit en droit de l’appeler supérieur, l’homme ne peut plus utiliser que son cerveau et ses annexes. Ainsi, il se nourrit de la pensée cérébrale, dirigée vers le monde, mais il est incapable d’utiliser cette pensée qui est vivante, divine …

Il a seulement besoin de vouloir, et son attention concentrée sur le cœur peut se rétablir en lui, l’équilibrer et l’aider à retrouver le bonheur une fois de plus … A la fin de son pouvoir, il se replie instinctivement sur lui-même ; ayant reconnu sa propre futilité, il se réfugie encore dans le cœur et tente timidement de descendre dans sa crypte silencieuse. C’est là que tout le bruit vain du monde se calme … Le monde et l’homme ne font qu’un. Et le Cœur de l’homme et le Cœur du Monde sont un seul cœur. »

Hridaya Yoga et le Cœur

Le Hridaya Yoga et la Retraite Hridaya de méditation en silence partent du principe que les idées traditionnelles sur le Cœur peuvent et doivent être appliquées de manière très concrète et pratique. Le Cœur, vu comme un organe de connaissance directe, peut et doit être constamment entraîné pour augmenter sa pureté et sa capacité à aimer, à observer, et à s’abandonner… De cette façon, les frontières de l’individualité s’estompent et, par la reconnaissance de son attribut fondamental en tant que passerelle vers l’infini, le Soi Suprême est révélé.