D : Pourriez-vous me donner plus de détails sur le Cœur et ses mouvements ?
M : Le Cœur est le siège de la connaissance et le nœud de l’ignorance. Dans le corps physique, il est représenté par un trou plus petit que le plus petit point, qui reste toujours fermé. Lorsque l’esprit descend dans le Kevala Nirvikalpa, il s’ouvre mais se referme ensuite. Quand Sahaja est atteint, il s’ouvre définitivement.
Le nœud qui lie le corps insensible à la conscience qui y fonctionne est le « nœud de l’ignorance ». C’est pourquoi, lorsqu’il se relâche temporairement, comme dans le Kevala Nirvikalpa où il n’y a pas de conscience du corps, je ressentais les vibrations du Cœur, semblables à celles d’un dynamo, même à l’école. Lorsque j’ai connu la rigidité cadavérique il y a de nombreuses années à Tiruvannamalai, chaque objet et sensation avait disparu, sauf ces vibrations. C’était comme si un écran sombre se déployait devant mes yeux et me cachait complètement le monde ; sauf que j’étais tout le temps conscient du Soi, avec une sensation vague que quelqu’un pleurait près de moi. Cet état a duré jusqu’à ce que je retrouve la conscience physique, moment où j’ai senti quelque chose se précipiter du Cœur vers le côté gauche de la poitrine et rétablir la vie dans le corps. Une peur soudaine, une joie subite ou un choc fait vibrer le Cœur très fortement, de sorte que toute personne attentive peut le percevoir. Sinon, ces vibrations ne se sentent qu’en Samadhi.
D : L’enquête « Qui suis-je ? » conduit-elle à un endroit particulier du corps ?
M : Toute conscience de soi est en relation avec l’individu lui-même, et doit donc être expérimentée dans son être, avec un centre dans le corps servant de centre d’expérience.
Cela ressemblait au dynamo d’une machine, qui génère toutes sortes de phénomènes électriques. Non seulement il maintient la vie du corps et les activités de toutes ses parties et organes, conscients et inconscients, mais aussi la relation entre le plan physique et les plans plus subtils sur lesquels l’individu fonctionne.
Comme le dynamo, il vibre et peut être perçu par l’esprit calme qui y prête attention. Il est connu des yogis et des chercheurs sous le nom de « Sphurana », ce battement du cœur « Je-Je » qui scintille toujours de conscience dans l’état naturel.
D : Le mouvement vibratoire du Centre se ressent-il en même temps que l’expérience de la Conscience pure, ou avant, ou après ?
M : Les deux sont un et le même. Mais Sphurana peut être perçu de manière subtile même lorsque la méditation est suffisamment stabilisée et profonde et que la Conscience ultime est très proche, ou lors d’une grande peur ou d’un choc soudain, lorsque l’esprit s’immobilise. Il attire l’attention sur lui-même, de sorte que l’esprit du méditant, rendu sensible par le calme, peut en prendre conscience, s’y orienter et enfin plonger dans le Soi.
D : Qu’est-ce que Sphurana (une sorte de sensation indescriptible mais palpable dans le centre du cœur) ?
M : Sphurana se ressent à plusieurs occasions, comme lors de la peur, de l’excitation, etc. Bien qu’il soit toujours présent et partout, il se perçoit cependant à un centre particulier et à des moments précis.
Il est aussi associé à des causes antérieures et confondu avec le corps. Pourtant, il est seul et pur ; il est le Soi. Si l’esprit se fixe sur Sphurana et que l’on en prend conscience continuellement, cela devient la réalisation.
Sphurana est pur. Le sujet et l’objet en procèdent. Si l’homme se prend pour le sujet, les objets doivent nécessairement apparaître comme différents de lui. Ils sont périodiquement retirés et projetés, créant le monde et la jouissance que le sujet en a. En revanche, si l’homme est conscient (et que la lumière qui rend la perception possible) qu’il est l’écran sur lequel le sujet et l’objet sont projetés, il n’y a alors aucune confusion. On peut alors observer leur apparition et disparition sans aucune perturbation pour le Soi.
D : Quelle est la nature du Cœur ? Le Cœur spirituel bat-il ? S’il ne bat pas, comment peut-on le percevoir ?
M : Ce Cœur est différent du cœur physique ; le battement est la fonction de ce dernier. Le premier est le siège de l’expérience spirituelle. C’est tout ce que l’on peut en dire. Tout comme un dynamo fournit l’énergie motrice à tout un système de lumières, de ventilateurs, etc., la Force primordiale originelle fournit l’énergie nécessaire au battement du cœur, à la respiration, etc.
