Viriditas, le Pouvoir Verdoyant du Divin

Viriditas, le Pouvoir Verdoyant du Divin

Par Antoaneta Gotea

Dans l’hémisphère nord, le printemps a envoyé ses messagers pour annoncer son arrivée. Un brin d’herbe brille de son éclat vert, un oiseau chante vivement, les perce-neige commencent à tisser de magnifiques tapis de printemps. La nature sort doucement de son hibernation – et nos âmes aussi.

Pourquoi le printemps est-il si fascinant ? Si magique, si beau et si vibrant de vie ? C’est parce que toute la vie célèbre le retour du soleil, son contact qui dispense lumière et chaleur de la manière la plus directe. C’est grâce à la lumière que la joie de vivre jaillit au printemps.

Les oiseaux sautillent, chantent et jouent, émus par le frisson de la joie. Les primevères, les perce-neige, les jonquilles, les tulipes déploient leur beauté, émues par le frisson de la joie. Les feuilles et les bourgeons des arbres touchés par le frisson de la joie ne peuvent pas arrêter leur rire vert. Et touchés par ce même frisson, les gens se rassemblent à l’équinoxe, à Stonehenge ou au Mexique, ou parmi les ruines mayas de Chichen Itza ou peut-être simplement dans une forêt ou un parc agréable. Mais tous sont émus par le frisson de la joie.

Comme l’a écrit Hafiz :

« Comment la rose
Ose ouvrir son cœur
Et offrir à ce monde
Toute sa beauté ?
Elle sent l’encouragement de la lumière
Tout contre son Être.
Sinon, nous resterions tous
Trop Effrayés ».

Ainsi, nos cœurs attirés par le Divin reçoivent l’encouragement de la lumière et fleurissent telle une jacinthe au printemps, bénissant le monde de son parfum divin. Gardez votre cœur au printemps, chers amis. Gardez votre cœur au printemps.

Rumi a dit : « L’inconnaissable absolu apparaît au printemps et disparaît à l’automne ». Avec quelle clairvoyance Rumi exprime le jeu divin, ce jeu de cache-cache amoureux entre le créé et le Créateur, l’espièglerie de l’Aimé qui révèle et dissimule.

Et Rumi n’est pas le seul à voir le printemps verdoyant à travers l’œil du Cœur. La sainte Hildegard von Bingen parle de Viriditas, le pouvoir verdissant du Divin. Le mot latin viriditas signifie « vert », « verdure », « luxuriance », « fraîcheur » et « vitalité ». Elle utilisait ce mot comme symbole de la santé spirituelle et physique.

Pour Hildegarde, cette « verdoyance » était une expression du paradis, de la puissance créatrice de la vie que l’on peut voir dans les jardins, les forêts, les parcs et les terres agricoles qui nous entourent. Et comme ces champs, elle invitait à cultiver viriditas dans nos corps et nos âmes.

Elle a écrit :

« Ô très honorée Force Verdoyante,
Toi qui prends racine dans le soleil ;
Toi qui t’illumines, dans une sérénité éclatante, au sein d’une roue
que l’excellence terrestre ne peut comprendre.
Tu es enveloppée
dans le tissage des mystères divins.
Tu rougis comme l’aube
et tu brûles : flamme du Soleil ».

Quelle belle invitation à voir le printemps à travers l’œil du Cœur. Pour cela, gardez votre cœur au printemps, en laissant les portes de votre cœur s’ouvrir à la brise de l’amour chaque jour, en marchant sur le chemin de l’amour avec courage et humilité, en ne tournant pas le dos aux difficultés de l’amour, en servant le monde et en baignant votre cœur dans l’océan de la compassion.

La sagesse soufie dit : « Celui qui marche avec amour peut porter le monde. Celui qui marche sans amour porte un cadavre comme corps ». Puissions-nous ne jamais porter un cadavre comme corps ! Puissions-nous toujours garder nos cœurs au printemps ! Puissions-nous toujours être remplis de viriditas !

Antoaneta est professeur à Hridaya Yoga et contributeur à notre blog.